Erreurs médicamenteuses en ville

Le 28 novembre 2018, le CMG et l’ANSM ont organisé une journée sur les erreurs médicamenteuses réunissant l’ensemble des acteurs de ville (médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers et patients) afin de les sensibiliser à cette problématique et chercher ensemble des solutions pour partager, informer et prévenir les erreurs médicamenteuses.

Définition : l’erreur médicamenteuse est l’omission ou la réalisation non intentionnelle d’un acte survenu au cours du processus de soins impliquant un médicament qui peut être à l’origine d’un risque ou d’un évènement indésirable pour le patient. C’est la conséquence d’une suite de dysfonctionnements organisationnels du circuit du médicament ou du système de soins.

 

QUELQUES DONNÉES 

  • 2 200 à 2 500 signalements par an mais une sous déclaration manifeste
  • 1,3% des patients consultant en médecine générale sont victimes d’une EM (soit plus de 1 patient par semaine pour un médecin généraliste)
  • 63% des EM sont responsables d’évènements indésirables dont 50% sont graves
  • Population concernée : 32% enfants, 36% des personnes âgées et 32% des adultes
  • Etapes de survenue : prescription, délivrance, préparation, administration ou suivi thérapeutiques.
  • Les causes peuvent être liées au produit (présentation, information), à l’organisation (circuit du médicament, système de soins) ou à des facteurs humains.

Source : Les erreurs médicamenteuses en ville, un enjeux de santé publique
Diaporama présenté par
Nathalie GRENE et Patrick MAISON, ANSM


UNE EXPÉRIENCE EN MAISON DE SANTÉ PLURIDISCIPLINAIRE FORT INSTRUCTIVE

Pendant 3 mois les membres d’une MSP de la Nièvre ont mené une expérimentation sur la gestion des erreurs médicamenteuses en médecine générale.

  • L’objectif principal de ce travail était d’expérimenter la gestion des erreurs médicamenteuses en soins primaires. Les objectifs secondaires étaient de caractériser ces erreurs et d’analyser leurs causes profondes pour mettre en œuvre des actions correctives.
  • Résultats : 4712 actes ont été effectués pendant ces 3 mois, 64 EM ont été validées avec 9 cas de gravité majeure et 2 cas de gravité catastrophique dont 1 décès. Les produits concernés sont essentiellement les produits du système cardio-vasculaire, du système nerveux et du système hématopoïétique.
  • Après analyse systsémique des causes, les facteurs de survenue sont le contexte d’action du soignant (74%), les facteurs liés au patient (54%), la coordination des soins (46%) et les facteurs liés au soignant (34%).

Des actions correctives locales ont pu être décidées concernant les professionnels, les patients et les outils utilisables.

Référence : Pourrain L, et al. Gestion des erreurs médicamenteuses en médecine générale : étude en maison de santé pluridisciplinaire. 
Therapie (2018)


POINTS CLÉS A RETENIR À L’ISSUE DE CETTE JOURNÉE

  • Accepter le risque d’EM sans culpabiliser et en parler avec les autres professionnels de santé.
  • Favoriser par tous les moyens la communication entre professionnels de santé.
  • Bien évaluer les capacités des patients et de l’entourage.
  • Soigner et organiser les prescriptions dans leur rédaction et la compréhension des patients.
  • Signaler systématiquement les erreurs médicamenteuses sur un des sites existants


PLAN D’ACTION COMMUN CMG / ANSM 
(consulter le communiqué)

A l’issue des échanges de cette journée, le CMG et l’ANSM ont établi un plan d’actions commun :

  • La volonté d’intégrer la thématique « gestion des erreurs médicamenteuses » dans la formation initiale et dans la formation continue pluri-professionnelle (pharmacien, médecin, infirmier…).
  • La mise en oeuvre d’une aide méthodologique aux équipes de terrain souhaitant s’engager dans une démarche d’identification des erreurs médicamenteuses.
  • L’organisation d’un concours, au cours du second semestre 2019, qui pourrait prendre la forme d’un hackathon, afin d’aider au développement d’outils numériques permettant de faciliter la déclaration, l’analyse et le retour d’information sur les erreurs médicamenteuses. Pour ce faire, l’ANSM propose de partager ses données sur les déclarations d’erreurs médicamenteuses.
  • Le développement de documents d’information ou d’actions de communication pour une meilleure sensibilisation de tous les acteurs (médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers et grand public) : la généralisation de fiches patient pour accompagner le changement dans l’utilisation d’une spécialité ou encore la création de guides pour chacun des acteurs, etc.
  • Le renforcement de l’accompagnement du patient à sa sortie de l’hôpital via notamment l’utilisation systématique d’une fiche de conciliation permettant d’apporter des informations nécessaires pour le suivi du traitement (dé-prescription, changement de dosage au cours de l’hospitalisation, ..).
  • La valorisation de l’usage du dossier pharmaceutique permettant le partage de l’historique des prescriptions et de délivrance nécessaire à un bon suivi du patient.
  • L’organisation d’une session plénière sur les erreurs médicamenteuses lors du prochain congrès du CMG qui se déroulera du 4 au 6 avril 2019 au Palais des Congrès de Paris.
  • L’organisation, à l’automne 2019, d’une journée sur le thème de la surconsommation des médicaments et de la dé-prescription. Un des axes de recherche pour anticiper et, le cas échéant, diminuer les erreurs serait en effet de réduire la consommation des médicaments.

 

Pour visionner la conférence, rendez-vous sur la chaine youtube de l’ANSM

 

Dr François Lacoin, membre du bureau du CMG 

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